Ingénieur génie mécanique diplômé de l'INSA Strasbourg en 1995, Gabriel Plassat est passé de l'industrie automobile à l'action environnementale dans les transports. Cet électron libre s'appuie sur le numérique et l'open source pour mobiliser les acteurs via son association La fabrique des mobilités. Rencontre.
Rédigé par Stéphanie Robert
Ingénieur, blogueur, élu, auteur, consultant, intervenant dans l’enseignement supérieur… Gabriel Plassat cumule plusieurs casquettes avec comme moteurs la curiosité, le goût de l’indépendance, et surtout la volonté de changer le système, pour le rendre plus écologiquement durable. Son domaine de prédilection : l’automobile, les transports et la mobilité.
Attiré par la technique et l’industrie, il a débuté sa carrière en 1996 dans l’automobile, après son diplôme d’ingénieur en génie mécanique de l’INSA Strasbourg et une année de spécialisation dans les moteurs à l’IFP School. Chez PSA Peugeot Citroën puis chez un équipementier, il applique les sciences de l’ingénieur à l’architecture des moteurs.
De la technique à la prospective
En 2002, il prend un premier virage en rejoignant l’Ademe, l’agence publique pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie, à Sophia Antipolis. Il met à profit sa connaissance de l’industrie pour sélectionner les projets industriels en faveur de la réduction des émissions et de l’efficacité énergétique. L’Ademe les soutient financièrement pour « déformer le marché » : pots catalytiques et moteurs améliorés, biocarburants, véhicules hybrides ou roulant au gaz naturel, etc.
Il prend un deuxième virage en 2008, lorsqu’il propose une évolution de sa mission vers la prospective, avec une réflexion plus macroscopique. Il étudie le système global de la mobilité comme autrefois les systèmes mécaniques. Qui sont les acteurs ? Comment va évoluer la mobilité dans les vingt prochaines années ? « C’est ainsi que je me suis intéressé au numérique, j’avais le sentiment qu’il allait tout changer dans le transport. J’ai créé un blog, Les transports du futur, pour m’aider à structurer mes idées et partager. Mon premier article décrit par exemple des évolutions qui se sont produites, comme le passage de l’objet automobile à des services de mobilité » raconte-t-il. Il fédère ainsi tout un lectorat, un écosystème d’acteurs du domaine : industriels, politiques, universitaires, décideurs. « Le blog a court-circuité les hiérarchies, j’ai par exemple été invité à la Commission européenne, pas en tant qu’ingénieur de l’Ademe, mais en tant que blogueur », commente-t-il.
Une voiture électrique open source
Dans la continuité, il fonde l’association La fabrique des mobilités. « Je cherchais un dispositif qui permette aux acteurs de produire et partager des ressources ouvertes – données, connaissances, logiciels, objets – en complément de leurs projets sous licence propriétaire. Cette ressource ouverte est non seulement utile mais elle sert aussi à synchroniser les acteurs et à les faire collaborer : start-up, grands groupes, écoles d’ingénieurs, collectivités, laboratoires… » explique-t-il.
Le projet phare du moment est la production d’une voiture électrique en open source, avec l’implication des laboratoires, écoles d’ingénieurs, start-up, industriels qui apportent chacun leur brique, avec leur intérêt propre. « La valeur n’est pas tant dans l’objet ou le logiciel mais dans la communauté. Cela amène les industriels à réfléchir différemment » dit-il. Une manière de bousculer le marché pour de nouveaux usages plus vertueux. La fabrique développe aussi un logiciel de covoiturage pour les collectivités.
Connecteur
Gabriel se définit comme un « connecteur dans l’écosystème de la mobilité ». « Le modèle essaime et d’autres fabriques sont nées, avec la même philosophie, une fabrique de la logistique, des communs pédagogiques, de la santé, des énergies, de l’éducation… » ajoute-t-il.
Parallèlement, il donne des conférences dans plusieurs écoles d’ingénieurs et de design. Il est aussi élu chargé de la mobilité dans sa commune du Sud-Est, pour se confronter à la réalité du présent, du quotidien, du territoire. Comment changer les choses ici et maintenant ? Entre présent et futur, Gabriel Plassat se passionne pour son métier, qu’il continue de se tailler sur mesure.
En savoir plus :